Interview Cover avec Awa Ly
Il y a quelques semaines, c’est dans un café parisien que j’ai rencontré la chanteuse Awa Ly. L’occasion après avoir écouté son album « Five and a Feather » de lui poser des questions et de faire une interview exclusivement basée sur la pochette de son album et son livret. A l’image de son superbe album, Awa Ly s’est prêtée au jeu des questions réponses avec beaucoup de générosité et de douceur.
L’album qui sortira le 25 mars prochain est déjà disponible en précommande. La pochette est magnifique et on en a parlé ensemble.
Lilloux : J’ai eu la chance d’écouter ton album mais là on va parler de la cover. Alors, la pochette d’album, c’est une représentation dessinée de toi ?
Awa Ly: Oui, c’est une illustration faite par une dessinatrice très talentueuse qui s’appelle Saina Six. C’est une jeune française qui vit à Tokyo. J’avais découvert son travail sur le site Afropunk et j’ai su par la suite que c’était la cousine d’une amie. Et du coup, cette amie m’a mise en contact avec elle et on s’est rencontrées sur Paris. Par chance, on était toutes les deux à Paris au même moment.
On a beaucoup parlé, elle a écouté les morceaux, ça lui a plu. Puis, je lui ai parlé du travail qu’elle était entrain de faire, inspiré d’Alphonse Mucha, et elle m’a dit : « y pas de problème je t’envoie des essais ». Alors avec le décalage horaire, c’était un peu bizarre, elle à Tokyo, moi à Rome, on se parlait avec une demi-journée de différence entre les réponses. Mais je suis très contente de ce qu’elle a fait.
Cette pochette, c’est moi et à la fois un personnage aussi, j’aime beaucoup les couleurs et tous les détails. Il y a même des petits secrets sur cette couverture.
Lilloux : Elle t’a fait plusieurs propositions comme tu le disais, qu’est-ce qui a été déterminant dans le choix définitif ?
Awa Ly : Alors les plusieurs propositions, c’était plus dans les couleurs. La figure principale a été vite choisie, c’est sur les couleurs et les objets qu’on a peaufiné. Je tenais par exemple beaucoup aux éléments de nature, des plumes, des plantes et sur la clarté du rendu.
Mais sur la proposition qu’elle m’a faite dès le début, on était toutes les deux d’accord. Elle a été super attentive. Quand on s’est vues à Paris, elle avait juste fait des photos avec son portable, une de face et une de profil. Et justement de profil, j’ai une tâche de naissance qu’elle a reporté sur la cover.
Lilloux : Qu’est-ce qui t’a séduit dans cet univers ?
Awa Ly : C’est le mystère. On ne sait pas trop qui je regarde, ce que je pense. Mais il se dégage quand même une certaine douceur, une certaine classe que j’aime beaucoup. Et c’est un saut dans le temps, on l’impression d’être à l’époque d’Alphonse Mucha. Et puis, il n’y a jamais eu de femmes noires qui ont été représentée comme ça, dans ce style d’art nouveau.
Ça représentait aussi quelqu’un qui a un secret, un pouvoir, il y a beaucoup de mystère et de magie et puis c’est beau.
Lilloux : Qu’est-ce qu’elle reflète de ton album cette pochette au-delà de l’esthétisme ?
Awa Ly : Il y a le premier titre de cet album qui s’appelle Story Teller, qui raconte l’histoire d’une chamane. C’est un rêve que j’ai fait de cette conteuse, raconteuse, de cette enchanteuse, de cette enchanteresse, de cette chamane aussi à la fin car elle réussissait à me soigner avec ses mots. Des mots d’ailleurs que je ne comprenais pas, une femme que je n’avais jamais vue, et qui était très mystérieuse car je ne la voyais pas très bien dans le rêve. Mais elle avait des mots qui m’apaisaient, des mots accompagnés d’un rythme assez tribal qui était un mélange entre l’Afrique et les indiens d’Amérique. C’était très aérien, je ne pouvais pas dire je suis dans cet endroit avec telle personne, c’était vraiment très flou et en même temps très rassurant. Il y avait beaucoup d’éléments de nature dont les plumes.
J’aimais l’idée que cette chamane ça pouvait être moi, mais ça pourrait être quiconque qui aime raconter des histoires, ou même écouter des histoires. Donc sur la pochette ça la représente, mais c’est aussi une illustration qui me représente, ça fait partie du mystère.
Lilloux : En regardant tes différents visuels, sur ton EP, tu es de profil, sur la cover de l’album tu es de profil, et sur les affiches promo de ton concert tu es aussi de profil. Il y a quelque chose autour du profil chez toi ?
Awa Ly : C’est vrai qu’on s’en est rendu compte, je t’avoue ça n’a pas été pensé. C’est juste que quand j’ai du les choisir, je me reconnaissais plus à travers l’expression que je pouvais donner. Et pourtant, j’ai vraiment un problème, de profil, je trouve que j’ai un front bombé, mais c’est aussi c’est une manière de dire, je suis pas à mon maximum, à mon meilleur, mais c’est une marque de force et d’acceptation de soi. Et de se dire que même comme ça je suis bien. Puis pour revenir sur la cover de « Five and a feather », de profil ça laisse aussi une part de mystère, quand tu n’es pas complètement de face, ça peut prêter à beaucoup d’interprétation et j’aimais bien cette idée de rester toujours un peu dans le flou.
Lilloux : Comment va se présenter le livret ?
Awa Ly : J’ai hésité beaucoup sur le livret sur une seule chose : est-ce qu’on met les paroles des chansons ou pas ?
Et j’ai décidé de ne pas mettre les paroles des chansons parce qu’elles peuvent se trouver ailleurs très facilement, on les mettra sur mon site officiel. Puis, il y a tellement de site qui répertorie les paroles. Je sais que ce sera très facilement trouvable par contre ce qui peut l’être moins c’est l’histoire qui se cache derrière ces chansons.
Ce n’est pas pour donner une ligne directrice parce que c’est sûr qu’une fois que tu écris une chanson, qu’elle est dehors, elle ne t’appartient plus complètement. C’est bien comme ça, chacun se l’approprie.
Mais je voulais donner des indices sur le pourquoi j’ai écrit cette chanson comme ça…
Lilloux : Tu l’as fait pour chaque morceau ?
Awa Ly : Oui pour chaque morceau.
Lilloux : Et du coup, ça sera rédigé en français ou en anglais ?
Awa Ly : Les 2 en français et en anglais.
Lilloux : Qu’est-ce qu’on va retrouver comme visuels dans le livret de l’album ?
Awa Ly : Des photos mais aussi des éléments de la cover. C’est Hugues Anhes, un photographe, qui avait fait les photos de mon EP, qui s’en est chargé. Il a repris des éléments, des feuilles, des plantes, des plumes et il les a mis en ornement entre les textes. Il y a une double page centrale avec une photo où il y aura cet élément de la plume qui est mis en valeur, on a l’impression que je la fais voler ou léviter, tu verras…
Lilloux : Pour finir on a parlé de ta cover mais qu’est-ce que ça représente une cover d’album pour toi ?
Awa Ly : C’est une très bonne question parce que j’en ai parlé y a pas très longtemps, c’est important mais pas ce qui va déterminer mon choix, pour un livre ou un disque. Je peux ne pas aimer la pochette d’un album et l’acheter quand même parce que je l’aurai entendu, ou qu’on me l’aura conseillé.
Bien sûr, c’est important parce que c’est une introduction mais faut pas s’arrêter à une couverture de livre, de disque ou même l’apparence d’une personne. Il faut aller chercher, être curieux, aller voir ce qu’il y a écrit, aller écouter et se faire une opinion à ce moment-là quand tu sais ce que ça contient. Ça peut être très trompeur une couverture, tu peux avoir une super couverture très lisse, classe et dedans tu t’ennuies ou l’inverse un truc très simple et épuré et ça explose dedans.
Lilloux : Merci Awa
Awa Ly sera en concert le 31 mars au Café de la Danse, elle assurera également les premières parties de Jain et de Faada Freddy.
Reste à l’affût, une interview sur son album arrive prochainement sur le site, l’occasion cette fois-ci de parler du contenu et de ce premier album « Five and a Feather » sous lequel je suis tombée sous le charme. Un avant-goût de ce qui vous attend musicalement avec le titre « Let you down ».